Assises du tourisme à Vichy

Publié le 10/12/2018

Les acteurs du tourisme étaient réunis vendredi, au Palais des congrès. Parmi les intervenants, Bruno Delas, qui avait en charge le plan de gestion Unesco pour la ville de Lyon, a fait profiter l’assistance de son expérience.

En ouverture des premières Assises du tourisme Vichy Destinations, le président de Vichy Communauté, Frédéric Aguilera a expliqué, vendredi matin,  la nécessité de « refonder une stratégie (*) dans le domaine du tourisme » en réunissant les différents acteurs, relate lamontagne.fr.

La nouvelle société publique locale, Vichy Destinations, sera un outil de cette nouvelle ambition, et la candidature au Patrimoine mondial de l’Unesco, qui sera déposée le 22 janvier, un rendez-vous majeur.

Bruno Delas

Voici l’entretien de Bruno Delas accordé à la Montagne.

Quels conseils pourriez-vous donner à la ville de Vichy pour sa candidature à l’Unesco ?

Plus que des conseils, je ferai plutôt des observations. Il faut bien être dans l’esprit de la démarche Unesco. Avant d’être un prix d’excellence, il s’agit de la responsabilité de gérer de manière exemplaire son patrimoine. Tout ce projet doit être fondé sur un triptyque. Il y a d’abord le pilotage politique, c’est-­à-­dire la volonté des autorités politiques. Ensuite, il y a le domaine de l’expertise scientifique. Quand on parle de patrimoine, c’est un enjeu fondamental. Cela permet de construire des histoires à conter aux visiteurs, histoires qui doivent être fondées scientifiquement. Enfin, il y a l’enjeu de la démarche participative, qui consiste à associer les forces vives des quartiers, la société civile, les habitants pour les impliquer dans la mise en partage de ce patrimoine. Ce ne doit pas être simplement une affaire poussiéreuse du passé, mais une affaire qui a du sens par rapport à la vie quotidienne. L’Unesco n’est pas une coupe que l’on met sur la cheminée mais toute une dynamique, un travail de tous les jours qui n’est jamais terminé.

Selon votre expérience, quels ont été les points les plus difficiles à mettre en œuvre ?

Une des grandes difficultés est de coordonner l’action de la multitude d’acteurs qui interviennent. On est dans un champ pluridisciplinaire. À Lyon, c’était une question d’urbanisme, mais également de culture, de tourisme…

Il faut mobiliser l’ensemble des acteurs dans une démarche commune. J’en ai également discuté avec le maire de Vichy. Une autre difficulté, peut-­être la plus importante sur lesquelles j’ai eu à travailler, concerne la signalétique. Bien souvent, les touristes ne comprennent pas pourquoi, à la sortie d’un monument, il n’y a pas une flèche avec des inscriptions en allemand, en chinois, en japonais et en ardêchois qui indique quelle est la direction de l’autre musée.

Il faut avoir des signes qui ne prennent pas trop de place et qui soient parlants pour l’étranger comme pour le Français, le jeune comme le vieux. Gérer le patrimoine, c’est aussi faire preuve de créativité au quotidien.

Les exigences de l’Unesco sont-elles plus contraignantes par rapport à votre candidature, en 1998 ?

Oui, sans aucun doute. Elles ont été renforcées depuis 2005, au regard des difficultés liées à la sur­fréquentation touristique, à l’urbanisation sauvage… Il y a aussi la volonté pour l’Unesco de rééquilibrer entre le sud et le nord. On ne peut désormais déposer qu’un seul dossier de candidature par an. Vichy sort un peu de ce quota car il s’agit d’une candidature transnationale. C’est aussi un atout car l’Unesco encourage ce type de candidature. Mais cela peut mettre plusieurs années avant d’aboutir car il faudra se mettre d’accord à 11, sans parler la même langue.

Quel a été l’effet Unesco pour Lyon en termes de fréquentation touristique ?

Il y a un effet d’annonce, qui est un peu le même partout. On parle de 20 % d’augmentation au début. Cet effet d’annonce s’épuise au bout de quelques années. Ce qui ne s’est pas passé pour Lyon. La gestion du tourisme s’est révolutionnée sous l’effet Unesco. Ce segment du tourisme culturel urbain, qui n’existait pas vraiment avant cette candidature, s’est structuré. Les acteurs se sont professionnalisés sur le territoire derrière la marque « Only Lyon » qui porte toute cette dimension­-là.

(*) Frédéric Aguilera a indiqué que la stratégie de développement du tourisme était fondée sur quatre piliers : le thermalisme­santé ; le sport bien­être, activités pleine nature ; le patrimoine ; l’activité des congrès.