LUTTER CONTRE LE DECLIN DEMOGRAPHIQUE

Publié le 22/10/2018
Au sommet de la Montagne bourbonnaise, Lavoine, 150 habitants, lutte pour enrayer le déclin démographique du territoire et sourire à l’avenir, avec de l'énergie et des idées.
 

Au sommet de la Montagne bourbonnaise, Lavoine, 150 habitants, lutte pour enrayer le déclin démographique du territoire et sourire à l’avenir, avec de l'énergie et des idées.

 
jean dominique barraud
Jean-Dominique Barraud, maire de Lavoine
 
Lavoine est le sommet de la Montagne bourbonnaise, perchée sur le toit de l’Allier, où le puy de Montoncel – « monte au ciel », à l’origine – toise fièrement le bassin vichyssois, du haut de ses 1.287 mètres d’altitude. À la croisée de l’Allier, de la Loire et du Puy-de-Dôme. Une particularité et un cadre dont le village fait une force. La Montagne l'a rencontré.
 
Un maire engagé
 
C'est sûrement l'un des meilleurs atouts de la petite commune. Jean-Dominique Barraud, élu depuis 1983, maire de Lavoine depuis 1989, est un "personnage", comme on dit dans les films. Un peu de Gabin, un peu de Ventura, de l’énergie à revendre et une hospitalité légendaire, chez cet ancien exploitant forestier. Un édile qui s’est  levé contre la puissante Areva, en janvier 2014, révolté contre le projet de vidange du bassin de décantation de l’ancienne mine d’uranium, à Saint-Priest-La-Prugne, côté Loire, mais aux frontières de sa commune. « Ils voulaient vider le bassin dans la Besbre, et remettre deux mètres de terre sur le 1,3 million de tonnes de résidus. Mais ils n’avaient pas pensé aux poussières… ». « Nous avons toujours été un peuple indépendant, libre et insoumis ! », pose fièrement le maire de Lavoine.  
 
Lavoine
 
Une volonté de redynamiser
 
Redynamiser. Une notion clé dans les villages en zone rurale. Et une réalité, à Lavoine. « J’ai connu une école, trois bistrots, deux épiceries, une Poste. J’ai tout vu disparaître. Alors on essaie de redynamiser ce qu’on peut », note la maire. Qui veut créer, aussi. Cela a été le cas avec l’Auberge des Bois noirs, l’un des deux restaurants de la commune, qui affichent régulièrement complets. Juste à côté de l’horloge à billes, la plus grosse du monde (lire par ailleurs). Et à quelques encablures du foyer de ski de fond, qui est aussi une structure qui fait vivre la commune en terme de loisirs et d'activités de pleine nature, été comme hiver.
 
Valoriser l'industrie reine : le bois
 
Dans un secteur où la forêt est reine, Lavoine se fait une fierté d'être une référence en terme d'industrie du bois. C'est pourquoi le maire a créé une Maison du bois et de la forêt. Il a aussi tenu à bâtir une ancienne scierie à eau, au bord de l’étang. Au nom du « patrimoine ». Et sans chichis. « J’ai pris les élus du conseil municipal avec moi, on a monté la charpente en une journée.  J’allais pas faire un truc de charbon de bois, on est un peuple de scieurs ici. », sourit l'édile. 
 
Ici en immersion dans une scierie de la commune : 
 

 
 
Ici la roue de la scierie à eau : 
 

 
 
Mettre en valeur des particularités
 
Lavoine se distingue par plusieurs  curiosités qui sont autant de forces. D'abord, son église. « Elle est à nous, précise le maire. Elle est à tous les habitants qui l’ont construite, lassés de ne pouvoir rejoindre celle de Ferrières, en hiver ». Sur les vitraux, il y a d'ailleurs les noms de tous qui ont participé à la financer. 
 
Autre fierté locale : l'horloge à billes. Le monde ne compte que trois horloges de ce type. À San Francisco (États-Unis), Munich (Allemagne) et… Lavoine, qui peut même s’enorgueillir d’accueillir la plus grande de la planète.
 
Enfin, il y a aussi les traces de l'ancien "Tacot". L'ancienne gare de ce train historique (qui a relié Cusset à la Montagne de 1911 au milieu du XXe siècle) est encore présente, aujourd'hui transformée en maison. La coquette habitation particulière a conservé quelques stigmates de son passé ferroviaire. 
 
Jouer sur le tourisme
 
Il y a beaucoup de belles choses à voir, à Lavoine. La forêt du Montoncel, d'abord, mais aussi  le rocher Saint-Vincent, d'où se dessine un superbe point de vue sur la Montagne bourbonnaise. Et les pouvoirs publics espèrent bien surfer sur la vague du tourisme local. « Il faut monter en gamme sur le plan qualitatif, pour toute l’offre de la Montagne bourbonnaise. Un travail de plus de 10 ans », précise sur le sujet Frédéric Aguilera, président de Vichy Communauté. A court terme, trois millions d’euros seront ainsi investis sur les secteurs de Lavoine, de la Loge des Gardes et du plan d’eau de Saint-Clément, les « têtes de gondole touristiques ». Et un cabinet planche depuis trois mois sur le Montoncel et le rocher Saint-Vincent, notamment autour du ski de fond et du VTT.
 
lavoine
 
Depuis le Montoncel, à plus de 1.000 mètres d'altitude, la vue sur le Bourbonnais est unique