Le site pyrotechnique de Manurhin à Bellerive-sur-Allier, actif de 1937 à 2006, n’a jamais été ouvert au public. Dans le cadre des projets de réindustrialisation de l’Agglomération Vichy Val d’Allier, le quotidien La Montagne pu le visiter.
Garder la mémoire des lieux
Sur les voies goudronnées qui relient les 162 bâtiments, les anciens sont entourés d’architectes, urbanistes et paysagistes de moins de 40 ans, tous là pour dessiner un avenir paysager à ce lieu fermé pendant des années à la population. « Il faut reconstruire Montpertuis sur Manurhin », a joliment résumé Guy Petitot, élu communautaire, adjoint à Bellerive, et fin connaisseur du dossier.
Au-delà de l’enjeu économique, il y a l’enjeu patrimonial. On ne raye pas une entreprise qui a donné du boulot à des bataillons de gens du cru de 1937 à 2006 d’un simple coup de crayon sur un plan d’architecte. « Il y a des milliers de gens qui ont entendu parler de Manurhin mais ils n’y sont jamais rentrés, ils n’ont jamais vu le site, a complété l’élu bellerivois. Il faudra que ce soit un lieu accessible, ouvert au public. »
Montpertuis en bas, Palazol plus haut dans les bois. Le premier servait à charger les munitions et à les tester, le second au stockage.
Des routes en état correct
Logique. « Il fallait de la voirie solide car il n’est pas question d’avoir des soubresauts quand on transporte des munitions », a raconté le directeur du site, Patrick Bourset. Des bâtiments, souvent en tôle, globalement sans grand intérêt. Des « casemates » largement espacées, là aussi pour des raisons de sécurité. « Afin qu’en cas de problème sur un bâtiment, en cas d’explosion, il n’y ait pas d’impact sur les autres. »
Les réseaux de tuyaux aériens étaient là pour faire circuler la vapeur, l’électricité ou l’air comprimé. Il y a également deux petits ruisseaux à valoriser. Des buttes de terre aussi, « les merlons », pour protéger des éclats en cas d’explosion. Résumons : un air de camp militaire dans un joli bois fleuri au printemps.
Parmi les pistes, il y a cette tuyauterie aérienne. « Pourquoi ne pas la conserver par endroits, propose une paysagiste. Cela peut être un élément intéressant, rappelant le passé du site. Et puis cela coûtera sans doute moins cher de la garder que de la détruire. »
L’imagination au pouvoir
Dans le cadre du concours Europan, les jeunes architectes, urbanistes et paysagistes ont carte blanche. Une quarantaine au moins vont se lancer dans ce concours d’idées, sans même la limite du financement.
Lorsque la dépollution en cours sera terminée, que la communauté d’agglomération Vichy Val d’Allier devra créer « une zone d’activités industrielles du troisième millénaire », comme le dit Jean-Michel Guerre, alors il sera aussi question d’argent. Mais pour l’instant, place à l’imagination.
Source : La Montagne – Philippe Cros