CAT (Centre d’Aide par le Travail)

Publié le 06/10/2010
Depuis 37 ans, le C.A.T. du bassin de Vichy est dans l’action en faveur du handicap mental

D’abord C.A.T. (Centre d’Aide par le Travail), ensuite E.S.A.T. (Etablissement et Services d’Aide par le Travail) depuis la loi du 11 février 2005, le centre médico-social du bassin de Vichy vit sa quatrième décennie. Accueillant les personnes en situation de handicap (déficience intellectuelle), l’établissement va de progrès en progrès, jusqu’à acquérir sa propre entreprise en juin dernier. Visite guidée.

Un site magnifique d’environ trois hectares et des travailleurs ordinaires, polyvalents, rigoureux et consciencieux. De l’espace, des ateliers, des bâtiments et des équipements de toutes sortes.

Elles sont impressionnantes. Ces équipes organisées savent tout faire…ou presque : conditionnement, emballage, électricité, électronique, travail des métaux, plasturgie, mise sous film, création et entretien d’espaces verts, mailings…

Leur handicap, on l’oublie bien évidemment quand on les voit s’affairer ça et là, travailler en équipe avec, en permanence, l’envie de bien faire. Dès qu’on franchit l’entrée de l’ESAT de Creuzier-le-Neuf, les préjugés et les idées préconçues n’ont plus de sens. On peut être handicapé et travailler, mener aussi une vie normale comme tout le monde.

« Nous sommes un établissement moderne qui a vraiment évolué en trente-sept ans d’existence. Nos travailleurs en situation de handicap trouvent ici un milieu protégé et une prise en charge totale. Mais ce sont aussi des acteurs qui ont tous un travail et des projets. Chaque travailleur peut bénéficier d’un parcours d’intégration et d’un accompagnement avec un éducateur technique qui le forme. », explique le directeur du centre, Emmanuel Verrière.

Non loin, juste en face de son bureau justement, un atelier abrite une équipe d’une quinzaine de travailleurs à la chaîne. Ils travaillent collectivement à la confection d’un produit sur plusieurs étapes. Les uns discutent avec les autres, ils s’entraident et respectent les impératifs de la chaîne. Pour les aider, les accompagner, leur expliquer ou leur rappeler leurs différentes missions (car la même personne peut se voir confier des missions différentes en quelques heures), le formateur veille au grain. Ils ne sont jamais seuls. Ils peuvent le solliciter à tout moment, même s’ils sont autonomes.

Dehors, entre deux bâtiments, à quelques pas des autres ateliers, on aperçoit un camion bien équipé. L’équipe qui entretient les espaces verts arrive de l’extérieur. Les hommes descendent de leur camion, ils rentrent de Vichy après l’entretien des parcs et des surfaces vertes.

Activités d’aide et services

« Nous sommes plutôt spécialisés dans les activités d’aide et les services divers, confie Emmanuel Verrière. Nous avons des partenaires historiques (Wavin, CTL Packaging, le C.C.A.S de Vichy…) et nous travaillons avec eux de manière très professionnelle. Il ne faut pas oublier aussi que notre établissement est passé de la vieille logique occupationnelle d’il y a vingt ou trente ans au vrai projet professionnel. Nous définissons un projet avec chacun de nos travailleurs et nous tenons à ce qu’ils s’épanouissent dans ce qu’ils font au quotidien. Nous nous appuyons plus sur le travail et beaucoup moins sur les activités/ loisirs. »

Ils sont quarante professionnels et encadrants présents quotidiennement aux côtés des équipes de travailleurs en situation de handicap (155 personnes). Ce plateau technique est complété d’une psychologue, un psychiatre et une infirmière.

Mais ce plus gros ESAT d’Auvergne se base surtout sur le travail comme vraie formation à la citoyenneté. Et le confort des équipes ainsi que leur sécurité sont « des priorités absolues ». « Nous respectons leurs capacités et leurs limites, nous ne les mettons jamais en situation de danger », assure le directeur.

Développement des savoir-faire et force de proposition

Mise en sacs ou en boîtes, mise sous film, montage de rouleaux à peindre, coupe, perçage, ébavurage, triage, comptage, assemblage divers, montage plastique en partenariat avec un atelier de plasturgie (montage manuel et semi- automatique de nombreux ensembles destinés à la cosmétique, la grande distribution et l’automobile entre autres) sont quelques-uns des savoir-faire qui distinguent l’association des travailleurs en situation de handicap de Creuzier-le-Neuf.

Le service de l’électricité-électronique a, lui aussi, évolué au fil des ans, passant de la connectique simple aux créations de faisceaux de câbles de plus en plus complexes : montage de composants sur carte, soudure manuelle, repérage, création de bretelles de test, câblage d’armoires électroniques, etc.

Quant aux espaces verts, ce sont cinq équipes (25 personnes) qui se sont spécialisées dans l’entretien des propriétés et des entreprises (création de pelouses, entretien de parcs et jardins, tonte, bêchage, etc.). Leur encadrement est assuré par des techniciens formés aux divers travaux d’espaces verts. Mais, en plus de ces multiples savoir-faire, il y a également les serres du CAT. Les travailleurs de l’établissement excellent aussi, en effet, dans la production horticole (plantes à massif), la sous-traitance horticole (empotage, repiquage sur place ou sur site), et, enfin, dans toutes sortes de décorations florales intérieures et extérieures (création de massifs).

De la sous-traitance à l’indépendance économique

Cet été, le premier ESAT d’Auvergne a fait l’acquisition d’une entreprise dans le but d’une meilleure pérennité économique. Ainsi Câbles et Connectique de l’Adour (le fabricant et grossiste en câbles et fils électriques qui réalisait un peu plus de 1,3 M.€ de chiffre d’affaires), société originaire des Bagnères-de-Bigorre, est devenu Câbles et Connectique de l’Allier. « Un véritable exploit économique » selon Emmanuel Verrière, le directeur qui a négocié cette opération, une façon de sécuriser aussi l’avenir de l’établissement.

Les clients historiques de la société pyrénéenne (Legrand, spécialiste en appareillage électrique, ou Blachère, leader européen du marché de la guirlande électrique) ont naturellement décidé de continuer à travailler avec la nouvelle « société » auvergnate.

Qu’un établissement de travail protégé possède sa propre entreprise est une première dans la région Auvergne. Elle permet désormais à l’association de devenir autonome en mettant sur le marché ses propres produits. L’opération a été plus ou moins longue, mais le succès offre sans doute une réelle alternative et une force incontestable à l’ESAT, ce qui n’a d’ailleurs pas échappé aux professionnels qui ont décerné un Allizé’Award (trophée de l’Alliance Zone Est de la plasturgie).

« Par notre démarche, nous avons surtout voulu nous donner les moyens de fonctionner comme une entreprise, de nous sécuriser également. Cela a été un vrai challenge, une prise de risques qui a fini par payer, car nous devenons moins vulnérables en cette période de crise et nous mettons en valeur nos savoir-faire. Avec Câbles et Connectiques de l’Allier, nous avons désormais nos produits propres qui se trouveront en grandes surfaces et chez les professionnels, ce qui diminue notre dépendance de la sous-traitance », explique, satisfait, Emmanuel Verrière.

Cette acquisition témoigne clairement de la compétence et de la maîtrise du savoir-faire particulier de la connectique et de la plasturgie par les travailleurs du centre de Creuzier-le-Neuf. Trente-sept ans ont passé, l’établissement médico-social est passé par toutes les évolutions jusqu’à acquérir aujourd’hui son propre bien, avec sa propre identité économique. « D’autres projets ne sont bien évidemment pas à exclure », conclut Emmanuel Verrière.

www.cat-creuzier.com