FLEURUS

Publié le 18/10/2012

Acteur incontournable dans l’univers de la mode et du luxe notamment avec les bracelets-montres en cuir qui ont fait sa renommée, le groupe Fleurus, implanté à Bellerive-sur-Allier, fête ses 70 ans d’existence en Auvergne. Rencontre avec Cécile Laval, une des petites-filles du fondateur, M. Pierre Laval.

Acteur incontournable dans l’univers de la mode et du luxe notamment avec les bracelets-montres en cuir qui ont fait sa renommée, le groupe Fleurus, implanté à Bellerive-sur-Allier, fête ses 70 ans d’existence en Auvergne. Rencontre avec Cécile Laval, une des petites-filles du fondateur, M. Pierre Laval.

C’est en 1942, à Saint-Flour, dans le Cantal, que tout a commencé. « Mon grand-père vendait de la fourniture horlogère et ma grand-mère travaillait dans l’horlogerie de son père. C’est ainsi qu’ils se sont rencontrés. Puis, ils ont décidé de se mettre à leur compte et ont lancé le bracelet-montre. A cette époque-là, c’était le passage de la montre à gousset au bracelet-montre. Ma grand-mère s’occupait de la production et mon grand-père allait les vendre. » Puis, M. Pierre Laval a souhaité conquérir le marché national avec sa marque Fleurus et a engagé, pour ce faire, des forces de vente qu’il dût installer à Vichy, en 1949, pour cause d’absence d’autoroutes dans le Cantal.

photo : Frédérique et Cécile Laval

Au fil des années, la société s’est développée. Un atelier a été créé à Bellerive-sur-Allier, celui de Saint-Flour a été agrandi. « Mon grand-père a voulu proposer plusieurs produits et services aux horlogers-bijoutiers. Du bracelet-montre, il est passé à l’écrin gainé en cuir, à la gainerie des vitrines et des présentoirs, à la menuiserie des vitrines jusqu’à l’agencement total des horlogeries-bijouteries. » La gainerie consiste à recouvrir les objets de cuir. « C’est plutôt rare comme savoir-faire aujourd’hui en France parce que tout est fait en Chine. Il n’y a pas très longtemps, nous avons gainé des panneaux de murs entiers pour le salon de Milan, pour l’ouverture de magasins à Taïwan, des ascenseurs… Nous aimons bien voir nos produits dans la presse. »

Une société qui a su s’adapter face aux crises et aux multiples évolutions

La Guerre du Golfe, les crises, la mondialisation et l’évolution des modes ont malmené la société familiale notamment à partir des années 90. « Il y a eu plusieurs choses : la montre a évolué (bracelet en acier, caoutchouc) et le bracelet en cuir a été délaissé. La Chine a commencé à se développer et à produire. Le marché s’est effondré, les prix sont tombés. La distribution s’est modifiée. Les horlogers-bijoutiers ont vu arriver de nouvelles enseignes comme le Manège à Bijoux par exemple (Leclerc) ainsi que des chaînes qui se sont installées dans les grandes villes. »

Dans les années qui ont suivi, la production de bracelets-montres Fleurus s’est réalisée essentiellement dans leurs ateliers de Madagascar. Les ouvrières de Saint-Flour et Bellerive-sur-Allier, ont été reconverties sur des travaux de sous-traitance pour de grands donneurs d’ordre de la maroquinerie de luxe. « Nous nous sommes mis à faire beaucoup d’accessoires pour eux (poignées, bandoulières, porte-adresse, portefeuilles). Heureusement, parce que sinon nous aurions été obligés de licencier. » Cette activité de sous-traitance leur a permis de maintenir les emplois en France. « Nous ne sommes pas des financiers. Nous sommes vraiment des entrepreneurs, nous avons ce côté familial et non pas purement financier. Nous aurions dû faire du chômage technique. Nous ne l’avons pas fait. Nous avons maintenu l’emploi et utilisé pour ça notre réserve et notre trésorerie. »

Aujourd’hui, le groupe Fleurus comprend quatre sites : Saint-Flour, Bellerive-sur-Allier, Madagascar et Romans-sur-Isère dans la Drôme. « Mon grand-père avait racheté un petit atelier à Romans en 1967 (berceau du cuir avec Cholet). Il a évolué de la même manière. Lui-aussi est en sous-traitance pour un nouveau client bien côté dans le luxe. »

Après avoir élaboré de la petite maroquinerie, le groupe a évolué vers la confection complète des sacs. « Au départ, nous n’étions pas des maroquiniers, nous étions des travailleurs du cuir pour le bracelet-montre. »

Chaque site a sa spécificité. « A Bellerive, nous réalisons beaucoup de prototypes, de commandes spéciales. A Madagascar, nous sommes plus sur de grandes séries pour notre catalogue. A Saint-Flour et à Romans, les ateliers sont spécialisés sur des clients particuliers. »

Le groupe utilise, autant que faire se peut, les ressources économiques locales à l’instar des entreprises du bassin Chastang à Creuzier-le-Neuf et Transports Thévenet à Creuzier-le-Vieux (cf carnet économique du 01/07/10). « Nous faisons appel aux Centres d’Aide par le Travail aussi pour l’entretien des espaces verts et des locaux ».

 Personnel et formation

« Des personnes travaillent chez nous depuis très longtemps. » A Bellerive-sur-Allier, les salariés sont quasiment tous issus du bassin. Dans les ateliers, 90% d’entre eux sont des femmes. Les hommes se trouvent sur la coupe des cuirs, la manutention, la logistique et la mécanique. « C’était au départ un travail d’usine pour les femmes car il fallait manier une machine à coudre. A l’époque où la société a été créée, des femmes voulaient sortir des travaux des champs. Il y a bien longtemps, la maroquinerie était un métier masculin. Il s’est féminisé avec l’industrialisation. »

Dans les ateliers, plusieurs générations se côtoient. Des salariées ont même obtenu la médaille « grand or » du travail (40 ans). « Quand mon grand-père a recruté les premières ouvrières, beaucoup n’étaient pas majeures. Elles ont fait une très longue carrière chez nous. Elles ont vu naître mon père, ma sœur Frédérique, mon frère Pierre et moi. »

Pour remédier à l’absence de formation proche dans la maroquinerie, le groupe Fleurus et la société SOFAMA basée à Espinasse-Vozelle (cf carnet économique du 07/04/11) se sont associés et ont créé ensemble une formation dispensée dans les locaux du lycée Presle en collaboration avec le Greta. « Nous avons des besoins d’embauche réguliers. Les clients n’ont plus le temps d’attendreNous avons déjà mis en place plusieurs sessions. SOFAMA en embauche une moitié et nous l’autre. La maroquinerie a la côte depuis plusieurs années. Les jeunes sont très attirées par les sacs à main et produits de luxe. Les formations sont au complet. »

De nouveaux ateliers

Une nouvelle usine de 1800 m2 est actuellement en construction, chemin du Moulin Masan à Bellerive-sur-Allier et devrait voir le jour début 2013 pour répondre aux commandes d’un nouveau donneur d’ordre.

« Mon grand-père a accompagné la société jusqu’à ses 90 ans. Il a monté une très belle affaire. Il a eu ses heures de gloire à une époque où les crises financières n’existaient pas. Après, ça c’est un peu gâté avec les chocs pétroliers, la mondialisation. Il y a eu du bon et du mauvais. Nous, troisième génération, sommes nés avec le chômage, les crises. Mon père a réussi à faire prendre un tournant à l’entreprise en la modernisant et en répondant à toutes les évolutions des lois. L’entreprise nous a fait, comme nous nous l’avons faite. Nous en sommes dépendants. C’est la famille qui porte l’entreprise et c’est aussi l’entreprise qui nous porte. Nous sommes complètement liés.»

 

33 rue du Léry  BELLERIVE-SUR-ALLIER

04 70 58 74 00

fleurus@fleurus.fr

http://www.fleurus.fr