Planetequitable

Publié le 08/09/2010

Il n'est sans doute pas connu de tous mais sa petite société fait tranquillement son petit bonhomme de chemin. Cyril Bernier, le Vichyssois aux origines malgaches, est l'acteur local du commerce équitable. Rencontre.

Consommer autrement

Une entreprise profitable pour tout le monde

Il n'est sans doute pas connu de tous mais sa petite société fait tranquillement son petit bonhomme de chemin. Cyril Bernier, le Vichyssois aux origines malgaches, est l'acteur local du commerce équitable. Rencontre.

Planetequitable, la société qu'il a fondée en 2007, est au cœur de la pépinière de la ZAC des Ancises à Creuzier-le-Neuf. Une zone d'activités qui, sans conteste, figure parmi les outils efficaces et attractifs du territoire. Mais le vrai poumon de Planetequitable se trouve loin, bien loin…à Madagascar.

Gros entrepôt, des parfums et des arômes venus d'ailleurs, une ambiance colorée purement exotique et des produits originaux : Planetequitable ressemble finalement à un comptoir malgache ! Il y a du café, de la vanille, du chocolat, du poivre et foultitude d'autres produits 100% naturels. Ce lieu est une petite immersion dans les plaisirs gustatifs et le savoir-faire malgaches.

Quelle est la force de ces produits ? « Ils poussent naturellement, au gré du soleil et de la pluie, grâce au travail manuel des artisans malgaches respectueux des connaissances ancestrales. C'est la simple et seule définition du 100% naturel, loin de la modernité et des influences de l'homme ! », répond Cyril Bernier.

Le commerce équitable

« Depuis le tout début de l'aventure (car mon projet est une véritable aventure), je savais déjà ce que je voulais faire. Ma démarche est simple : faire venir en France des produits purement malgaches pour faire découvrir aux Français des nouveautés mais, et c'est ce qui me tient vraiment à cœur, cela ne peut se faire qu'en pratiquant véritablement le commerce équitable. Avant d'acheter mes produits aux fournisseurs malgaches, j'exige d'eux une réelle sécurité de leurs salariés avec des congés payés et des cotisations pour les retraites, la scolarisations de leurs enfants, etc. », explique le gérant de Planetequitable, dont la mère vient, par ailleurs, de ce pays de l'océan Indien.

Il est évident que ce genre d'initiatives est à saluer et à encourager. Seul problème : le commerce équitable n'est pas un grand business. Car non seulement les produits sont relativement chers, il faut aussi convaincre le consommateur pour qu'il mette la main à la poche alors qu'il est habitué aux grandes enseignes et à l'embarras du choix et aux prix plutôt accessibles. A cette problématique, Cyril Bernier répond : « Nos produits sont naturels, artisanaux et distingués. Aussi la traçabilité permet de vérifier notre démarche très facilement. Mais les grands crus de plantation que propose Planetequitable sont surtout reconnus de grande qualité et d'un excellent rapport qualité/ prix. Il ne faut tout de même pas oublier que le Madagascar est l'un des meilleurs producteurs de café et de chocolat au monde. Et nos produits profitent surtout à ces populations lointaines en permettant l'émergence de leur artisanat. Nous, en revanche, nous restons les derniers de la chaîne des bénéfices ».

Les convictions du gérant de Planetequitable sont effectivement bien claires. Son but consiste essentiellement à soutenir l'artisanat malgache traditionnel en favorisant plusieurs corps de métiers. En effet, pour l'élaboration des produits tout est fait là-bas, de la plantation à l'emballage. « Nous travaillons sur un cycle complet et favorisons principalement l'emploi. Nous veillons à la pratique de prix et de modes de financement justes et permettant à chacun de vivre dignement de son travail. Nous collaborons également en bonne intelligence avec les producteurs en adaptant les délais de production aux besoins et aux capacités de chacun. Naturellement, nous encourageons, d'abord et avant tous les autres, les producteurs les plus défavorisés dans cette approche solidaire ». La stratégie de Planétéquitable est surtout basée sur la mise en place de partenariats durables, totalement éloignés de l'approche spéculative et c'est la durée qui assure ainsi l'avenir des producteurs.

Une société en devenir

S'il y a un élément important à retenir de l'entreprise courageuse de Cyril BERNIER, c'est sans doute l'éthique et l'intégrité de sa démarche du début à la fin. « Je sais qu'il faut vivre, qu'une société doit aussi générer du chiffre. Comme tout le monde je dois gagner de l'argent mais, contrairement aux autres, je ne veux pas le gagner n'importe comment. J'ai des convictions qui vont bien avec ce que je fais et je cultive toujours le même projet : celui que j'ai commencé il y a bientôt trois ans », explique-t-il.

Et le projet consiste justement à soutenir l'artisanat malgache par le moyen de la commercialisation des produits de différents producteurs. Chaque article acheté en France contribue à la création des emplois à Madagascar.

La société vichyssoise, elle, veille surtout à ce que les producteurs fassent appel au plus grand nombre de travailleurs locaux et cela dans le respect total de leurs droits. Par exemple, Planetequitable a commandé des coffrets à bougies pour les fêtes de fin d'année en 2009 et pas moins de trois artisans ont participé à son élaboration : le premier a fabriqué les boîtes, le second les marmitons en terre cuite et le dernier s'est chargé de couler les bougies. « Planetequitable répond parfaitement à l'éthique et à toutes les exigences du commerce équitable, et l'exemple des coffrets cadeaux est loin d'être le seul. C'est, en effet, de cette manière que nous avons toujours travaillé avec les artisans malgaches en leur garantissant l'exportation de leurs produits. Mais nous en exigeons le respect de toutes les règles que nous avons ensemble définies pour un commerce équitable efficace et irréprochable », explique Cyril Bernier. Et d'ajouter : « Ils restent naturellement libres et tout à fait indépendants dans leurs procédés de création et nous n'essayons en aucune façon d'intervenir sur leurs savoir-faire. Nous pouvons simplement les mettre en contact les uns avec les autres lorsqu'un produit peut être amélioré »

Les premières années d'existence de Planetequitable ont sans doute été bénéfiques aux producteurs malgaches, mais aussi aux clients de Cyril Bernier qui ont pu découvrir des produits nouveaux d'extrême qualité. Pour le gérant, en revanche, cela n'est pas forcément le cas. Il a investi de l'argent, du temps et beaucoup d'énergie au bénéfice de son projet qu'il sait « prometteur et d'avenir malgré la crise », il a encaissé les coups et surpassé les difficultés sans mettre la clé sous la porte, il a aussi et surtout acquis la maîtrise des tenants et des aboutissants du métier au fil des années.

« Même si les professionnels (pâtissiers, cuisiniers, etc.) ont du mal à explorer ces nouveaux produits bien qu'ils reconnaissent leur qualité, cela est sans doute dû à la crise. Ils ne peuvent en effet prendre le risque d'essayer mon chocolat par exemple, pourtant recherché par les meilleurs chocolatiers au plan international, pour élaborer de nouvelles recettes. La crise fait donc peur mais elle passera. C'est à ce moment-là que Planetequitable, qui a déjà fait ses preuves, tirera les bénéfices de son labeur. Mais ce seront surtout les artisans malgaches qui seront heureux et leurs enfants qui auront droit à une digne scolarité comme à l'éducation dans ce pays en difficulté. C'est pour moi finalement toute la définition du commerce équitable. »

Aujourd'hui Cyril Bernier est distributeur exclusif en France de l'une des deux chocolateries de l'île. Il a des clients un peu partout dans l'Hexagone et ses produits font toujours sensation lors des rencontres et des salons. Sa vanille et sa cannelle sont des produits nobles, son café (classé dans les 5 meilleurs mondiaux) gagne de plus en plus la sympathie des clients et les autres produits (purement malgaches) ne sont pas en reste. Quant au rapport qualité/ prix, « on ne peut trouver mieux » selon Cyril Bernier : « Nous achetons au prix juste, nous vendons également au prix juste ».

Le jeune chef d'entreprise se félicite du travail jusqu'ici accompli, mais il est aussi fier d'avoir implanté une entreprise profitable à tout le monde dans l'agglomération vichyssoise. Il a toute la patience et la pugnacité nécessaires pour aller au bout de son projet : « Sans jamais faire venir la production ici, j'ai à cœur de créer, à terme, deux autres sociétés de distribution et des emplois en France, en plus d'une grande société de production à Madagascar », confie-t-il, rassuré.

« Il faut toujours viser la lune car, même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles »* est normalement la maxime que devraient cultiver tous les porteurs de projets qui, comme Cyril Bernier, ont envie de réussir. (* Oscar Wilde.)

www.planetequitable.fr