Setubio

Publié le 03/11/2010

Créée en 2006 à Clermont-Ferrand et installée au Bioparc depuis 2008, Setubio est une compétence territoriale importante dans la recherche antimicrobienne et antiparasitaire. A sa tête, Jean-Christophe Sergère. Le biologiste, microbiologiste et docteur chercheur qui connaît les algues et les microalgues mieux que quiconque raconte sa profession. Rencontre.

Au service de l'innovation et de la biotechnologie

La compétence microbiologique du Bioparc

Créée en 2006 à Clermont-Ferrand et installée au Bioparc depuis 2008, Setubio est une compétence territoriale importante dans la recherche antimicrobienne et antiparasitaire. A sa tête, Jean-Christophe Sergère. Le biologiste, microbiologiste et docteur chercheur qui connaît les algues et les microalgues mieux que quiconque raconte sa profession. Rencontre.

C'est après une dizaine d'années d'activité comme chercheur (C.E.A, Hôpital Saint-Louis, Institut Pasteur, Institut Curie, Oklahoma University) que Jean-Christophe Sergère a décidé, en 2005, de rentrer en Auvergne pour monter sa propre entreprise un an plus tard. « Le contexte régional était pour moi une opportunité à saisir à l'époque et je savais que l'Auvergne allait répondre à mes attentes. Mais j'avais aussi la certitude que mon projet allait répondre à des besoins de plus en plus forts. Après avoir alors mesuré l'immensité et la richesse inestimable des ressources que représente la biodiversité, c'est-à-dire le nombre important, la variété et la diversité des organismes vivants, j'ai décidé de me consacrer exclusivement à la recherche et à la valorisation des richesses biologiques qu'héberge note planète. C'est ainsi que s'est créée Setubio en 2006 pour rechercher justement les molécules et extraits présentant des propriétés antimicrobiennes issues de cette diversité biologique. Nous existons depuis quatre ans seulement et la société, qui travaille aujourd'hui avec des partenaires un peu partout dans le monde, est déjà reconnue jeune entreprise innovante par le ministère de la recherche et s'impose clairement dans le domaine des professionnels de la recherche antimicrobienne », explique le Président et co-fondateur de Setubio.

Depuis le Bioparc et Hauterive, la jeune entreprise travaille avec des acteurs du monde entier issus de différents secteurs. Les moteurs de Setubio sont naturellement la recherche et l'innovation. Avec les 200.000 € investis en 2009, la société est divisée en deux départements. Le premier est mis au service de l'analyse microbiologique qui travaille notamment beaucoup avec les entreprises de la région Auvergne. Le deuxième département est celui de la recherche et de l'innovation scientifique.

Santé humaine et animale, agroalimentaire, industrie de l'eau, agriculture et dermo-cosmétique sont les principaux champs d'activité des équipes de Jean-Christophe Sergère qui envoient des « formules » made in Hauterive aux quatre coins de la France et dans le monde. « Nous travaillons sur de l'immatériel et ne produisons strictement rien. Notre rôle consiste essentiellement à travailler sur des outils qui permettent d'identifier les microbes et les parasites et nous procédons selon deux approches. Soit en partant des données ethnologiques établies vers l'expérience du terrain, soit à l'aide d'automates qui analysent simultanément plusieurs dizaines d'échantillons de plantes.», explique-t-il.

D'hier à aujourd'hui, SETUBIO pratique une recherche complète

On ne peut pas le nier, les ressources naturelles, et au premier plan les plantes, ont de tout temps été utilisées comme remède de façon traditionnelle par les populations du monde entier. Certains les pensent très efficaces, d'autres préfèrent aujourd'hui profiter de la connaissance scientifique du médecin. Mais chez SETUBIO aucun paramètre n'est négligé.

Avant de se lancer dans la recherche antimicrobienne purement scientifique, les chercheurs de la société du Bioparc s'intéressent précautionneusement aux usages populaires des plantes, à leurs histoires au fil du temps et dans les différentes sociétés : cela s'appelle de l'ethnobotanique. « La connaissance des coutumes et des usages traditionnels est un atout indispensable pour faire rapidement progresser nos connaissances sur les propriétés des plantes médicinales ou les autres espèces de ressources naturelles. Une fois les données et les échantillons collectés, nous analysons ensuite leurs propriétés biologiques et chaque partie des plantes (feuilles, graines, fleurs, racines, tiges,écorces) peut être testée dans notre laboratoire. C'est en ce sens que SETUBIO dispose d'une collection de centaines d'extraits sur lesquels sont réalisés des dizaines de tests antibactériens, antifongiques et antiparasitaires. Cela nous permet donc de suffisamment maîtriser la connaissance de la biomasse et d'innover sans cesse dans le respect de la biodiversité . », explique le président de Setubio.

Jean-Christophe Sergère et son équipe ont une bonne connaissance de la diversité biologique de l'Europe, de l'Asie, de l'Océan Indien et de l'Afrique et c'est pour cela que SETUBIO travaille avec le monde depuis le bassin de Vichy.

« Nous travaillons avec la France et le monde depuis Hauterive »

Setubio a avant tout une identité territoriale et locale mais cette pépite du Bioparc a aussi une vocation internationale. Grâce aux analyses biotechnologiques axées sur le plan local, ces chercheurs du Bioparc travaillent avec les entreprises du bassin de Vichy, le groupe du Naturopôle, les universités clermontoises ainsi que les CHU. « Même si nous sommes autonomes et indépendants, nous travaillons beaucoup avec et sur le territoire . »

Avec ses deux départements, l'un consacré à la recherche (recherche propre, partenariale et sous-traitée) et l'autre à l'analyse microbiologique (identification de microorganismes, activité bactéricide et fongicide, contrôle de l'environnement…), la société a une force de proposition et un champ d'activités très larges. Mais la fierté de Jean-Christophe Sergère est bien évidemment la participation de Setubio à l'un des plus grands programmes européens de valorisation de la biodiversité microalgale : Algohub. Il s'agit en effet d'un programme quinquennal qui regroupe 14 partenaires (Bonduelle, Institut Pasteur de Lille, Pierre Fabre, Greenpharma, Institut Océanographique Paul Ricard…) et qui vise à structurer une nouvelle filière au niveau mondial. Au cœur de ce système complexe et complet, Setubio joue un rôle de module de recherche en se posant comme le spécialiste des problématiques microbiennes et parasitaires. Algohhub pèse 29 M.€ consacrés à la recherche et la petite société du Bioparc reste un acteur indispensable à cette grosse machine.

Et contrairement aux autres entreprises qui produisent et fabriquent des produits prêts à la consommation, Setubio produit du « jus de cervelle » selon les propos de son président. Elle a le sens de la formule … chimique, mathématique et scientifique !

C'est pourtant une entreprise qui ne fait pas de bruit, mais dans son domaine et dans les oreilles des professionnels, il y a un écho Setubio ! Sa force vient surtout de sa capacité à répondre à des demandes variées en orientant ses recherches vers tous les domaines- ou presque. « Nous travaillons sur les plantes ou le saumon, la chair de dinde comme les microalgues, les propriétés du blé ou encore les parasites qui malmènent les vignes et le raisin pour ne citer que ces exemples. Nous avons une réelle force de proposition et d'innovation en mettant en place des outils permettant la détection des microbes les plus récalcitrants. Au plan international nous n'avons pas à rougir puisque nous avons effectué en six semaines un travail qui a nécessité un an et demi à une équipe japonaise compétente et bien plus nombreuse que nous ! », raconte satisfait Jean-Christophe Sergère.

Avec ses sept salariés (2 docteurs, 2 ingénieurs et 3 techniciens en biologie ainsi qu'une assistante administrative), Setubio est une petite entreprise qui n'hésite pas à mettre les petits plats dans les grands. La recherche, le développement, l'innovation et les prestations en microbiologie font d'elle une société qui se place au croisement de plusieurs filières économiques alors qu'elle relie plusieurs domaines scientifiques. De la même façon, elle donne une compétence forte au territoire et au bassin de Vichy qu'elle représente à l'échelle internationale. « Même si nous travaillons avec le monde, nous nous identifions énergiquement à notre territoire et c'est au Bioparc que sont mises au point toutes nos innovations. C'est aussi du bassin de Vichy que partent toutes nos prestations vers les autres pays. », conclut jean Christophe Sergère.

 

Quelques notions :

La biodiversité pour les nuls : Le terme vient de la contraction de l'expression anglaise "biological diversity", c'est-à-dire "diversité biologique". Elle reflète le nombre, la variété et la diversité des organismes vivants. La biodiversité est composée de trois niveaux : diversité génétique, diversité des espèces et diversité des écosystèmes. Elle regroupe la vie terrestre et aquatique. Elle comprend tous les organismes, depuis les bactéries microscopiques jusqu'aux animaux et aux plantes plus complexes.

Bon à savoir : Le terme biodiversité est sorti du monde scientifique en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro.

A quoi sert la biodiversité ? Elle est à la base de notre alimentation, de notre santé et de nos activités.

Elle est indispensable à :

-La croissance et au développement des végétaux qui dépendent des animaux pollinisateurs (abeilles, bourdons, papillons…), des aérateurs (lombrics, taupes…) ou encore des décomposeurs (bactéries, champignons, insectes…)

-Notre avenir car elle constitue une réserve de gènes en grande partie inconnue.

-Nos activités, aux formations et aux métiers qu'elle engendre pour faire découvrir, comprendre, aménager ou gérer la nature ainsi que l'environnement.


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