SOFAMA

Publié le 06/04/2011

En apparence, il s'agit d'une petite usine tranquille dans un coin de l'Allier qui ne fait pas parler de lui d' d'habitude : Espinasse-Vozelle. Rues tranquilles, arbres et verdures à perte de vue, et quelques maisons bien espacées. L'ambiance est plutôt champêtre. Au Creux-des-Renards, un lieu-dit méconnu aussi bien des hommes que du GPS, brille pourtant un bâtiment en relation avec le monde entier. Là sont fabriqués des produits de luxe qui font le tour de la planète : Vuitton, Chanel…

Dans les coulisses des griffes ultra chères.

Sofama, PME au centre de la chaîne du luxe

En apparence, il s'agit d'une petite usine tranquille dans un coin de l'Allier qui ne fait pas parler de lui d'habitude : Espinasse-Vozelle. Rues tranquilles, arbres et verdures à perte de vue, et quelques maisons bien espacées. L'ambiance est plutôt champêtre. Au Creux-des-Renards, un lieu-dit méconnu aussi bien des hommes que du GPS, brille pourtant un bâtiment en relation avec le monde entier. Là sont fabriqués des produits de luxe qui font le tour de la planète : Vuitton, Chanel…   Dans les coulisses des griffes ultra chères.

La plus belle avenue au monde regorge de produits luxueux dont le prix aligne facilement trois zéros, et plus. Les lèche-vitrines, eux, ont de quoi écarquiller les yeux. Et dans ce milieu, les Porsches rivalisent avec les nerveuses Lamborghini, les bagues en diamants font du pied aux parures extravagantes, les robes et les couleurs interpellent sans faute. Bref, les paillettes et le chic de Paris à Tokyo, en passant par Genève, Londres, Singapour, Dubaï ou Hongkong. En produits de luxe, c'est bien connu, la France est une référence.

Mais, en dehors de l'image, Paris produit bien peu de choses ; les enseignes du très haut de gamme vivent grâce aux productions qui viennent souvent des provinces. Nous voilà donc à Espinasse-Vozelle, une PME de 170 salariés qui signent les prestigieux sacs Vuitton et Chanel, bagages, porte-cartes, portefeuilles, etc.

Une passion nommée cuir

Créée par Georges Corre en 1989, Sofama s'est affirmée comme un vrai partenaire de la maison Louis Vuitton. Cet ancien cadre d'un groupe de bracelets-montres a en effet eu l'envie de tenter sa chance dans le monde des affaires pour voler de ses propres ailes. Parti de rien mais armé d'une énorme volonté de réussir, c'est jour après jour et année après année, sans même compter ses heures de travail, que Georges Corre a construit son enseigne, Sofama. Sous-traitante de la marque LOUIS VUITTON, la société a ainsi fabriqué des composants pour produits finis pendant 20 ans pour des grandes marques de luxe. Mais avec l'arrivée de Vincent Rabérin il y a un an, le cahier des charges a évolué.

Originaire de la Loire, le nouveau PDG et propriétaire a le sens des affaires jusqu'au bout des ongles. « Je suis un passionné, mais à la base ma passion était le textile. Cela commence dès mes 14 ans, lorsque je passais des heures entières dans la petite entreprise de mes grands-parents. Et même si j'ai suivi un cursus universitaire en sciences économiques, j'ai décidé d'aller vers l'activité textile. J'ai donc enchaîné des expériences jusqu'à devenir manager d'une société de rubanerie d'un grand groupe dans la Loire. J'ai même créé deux usines, l'une en Tunisie et l'autre en Chine », raconte Vincent Rabérin. « Cela m'a éclairé sur les différentes problématiques économiques et humaines liées à la production dans les pays low cost. »

Sauf que le cadre, qui lui aussi ne compte jamais ses heures de travail, a besoin d'avoir sa propre entreprise. Et quand il décide de passer à l'action, il tombe sous le charme d'une petite usine qui ne correspondait pas du tout à ce qu'il recherchait a priori. « Je voulais racheter une toute petite entreprise, 10 salariés tout au plus. Elle ne devait pas être loin de chez moi (bassin d'emploi de Saint-Étienne, NDLR). Car je voulais surtout avoir un peu de temps libre pour ma vie de famille. » Raté.

Lorsque sa banque lui fait une proposition, la société qu'elle lui propose est à 2 heures de route de chez lui ; elle compte 170 salariés. Cerise sur le gâteau : elle ne fait pas du textile. « Mais quand j'ai visité l'usine, lorsque j'ai touché les produits, j'ai très vite compris que le projet était pour moi », s'amuse le chef d'entreprise. « La personnalité de Georges Corre a pesé lourd dans la décision. Même si nos compétences étaient différentes, nos histoires professionnelles étaient similaires. Cet homme aura marqué mon parcours professionnel tout comme mon ancien Président de holding, un autre homme exceptionnel avec qui j'ai beaucoup appris », rappelle non sans reconnaissance Vincent Rabérin.

Ce dernier est cependant un homme chanceux. Il le dit lui-même, son étoile n'est pas de celles qui pâlissent. Et pour cause, lorsqu'il reprend Sofama, son client principal (Louis Vuitton) lui propose de passer de la fabrication des composants, qui sont assemblés ailleurs, aux produits 100% finis. Une aubaine donc puisque sa PME assure désormais tout le processus de fabrication, de la matière première à l'article prêt à être exposé en vitrine. « Quand on m'a fait la proposition, j'ai été ravi et honoré. C'est surtout un signe que notre qualité de travail est irréprochable. »

Le cahier des charges est bien sûr très exigeant, chaque article étant maintes fois contrôlé, à toutes les étapes de production. Il faut compter 20 à 40 opérations avant d'arriver au produit fini. Quant aux prix, celui d'un sac pour femme varie de 500 à 3000 €.

Une machine bien rodée, une nouvelle usine de 1000 M2 pour septembre

Cette entreprise du bassin de Vichy maîtrise parfaitement les secrets de la maroquinerie de luxe. Sa connaissance des peaux et des cuirs lui permet d'évoluer en développant depuis un an sa propre marque (en devenir), mais en gagnant aussi la confiance d'un nouveau client. Un autre grand nom du luxe : Chanel. Et les maroquinières qui font tourner l'entreprise mettent tout leur cœur au service de ces marques mondialement connues. Leur savoir-faire s'étend aux techniques de piqûre et de coloration, à la refonte du cuir, le filetage, la maîtrise de la peausserie, avec le choix des peaux et la découpe des éléments dans celle-ci, l'assemblage, le montage… « Même si nous avons des machines très modernes, ce sont les maroquinières qui font l'essentiel du travail. L'équipe humaine est très importante chez Sofama, c'est elle qui détient le savoir-faire », précise le responsable.

Et comme Vincent Rabérin est un homme de projets, son arrivée dans le bassin de Vichy depuis un an a permis à Sofama de se mettre cet autre client dans la poche. « Lorsque j'ai fait une proposition à Chanel, les responsables étaient contents. Sauf que les 1500 M2 consacrés à la production Vuitton leur ont fait peur. Ils m'ont dit que l'espace était insuffisant. Du coup, pour ne pas perdre ce marché, j'ai fait installer des « Algeco » en attendant de construire une usine de 1000 M2, toujours à Espinasse-Vozelle . » La production pour Chanel a déjà commencé, le propriétaire de Sofama a investi dans la formation de son personnel. Une équipe a été formée à la fabrication de ces autres produits de luxe; ce sera elle qui formera les nouveaux qui arriveront dans l'entreprise vers septembre-octobre prochains.

Le projet a déjà été validé, le chantier va commencer très prochainement. La nouvelle usine permettra la création d'une trentaine d'emplois au bas mot, selon Vincent Rabérin. « Une fois la deuxième usine fonctionnelle, il faudra trouver de nouveaux projets. Et s'il faut également agrandir notre nouvelle usine, nous le ferons », affirme le chef d'entreprise qui a plus d'un projet dans sa mallette. Avec Vincent Rabérin, en plus de son sens des affaires et de sa baraka comme il dit, l'entreprise est un vrai investissement qui ne doit connaître aucune limite. Une seule condition, respecter les étapes et laisser le temps aux projets pour qu'ils prennent véritablement forme. Et au rythme où le conquérant du milieu du luxe est parti, Espinasse-Vozelle a toutes les chances de concentrer les plus grands noms du chic et des paillettes dans quelques années. « Je suis en relation avec le Comité d'expansion économique notamment et Pierre Guyot m'assure de tout son soutien. Je sens que ce territoire a beaucoup de potentialités, et je veux vraiment investir maintenant que j'ai trouvé l'affaire que je voulais depuis que j'étais môme », conclut le Stéphanois qui commence à vraiment prendre ses marques dans le bassin de Vichy.

Parallèlement à cela, Vincent Rabérin développe sa propre marque, qui avait été conçue par Georges Corre. Une collection de produits de qualité dans une toile tissée jacquard : sacs, cartables, agendas, portefeuilles et tout accessoire de bureau. Cette marque propose des produits de qualité accessibles et bénéficiant du savoir-faire mis au profit de la fabrication des produits de luxe.

Les Damier et les Monogram Vuitton (Neverfull, Delightfull…), les sacs Chanel et autres petites maroquineries haut de gamme qui sortent de cette usine de l'agglomération de Vichy finissent sur l'avenue des Champs-Élysées ou font le tour du monde. Les produits s'affichent aussi non peu fiers sous les projecteurs et les flashes des plus grands photographes lors des défilés de modes. Et pourtant, tout le monde ne sait pas que des petits noms comme Espinasse-Vozelle ou Saint-Pourçain-sur-Sioule sont derrière les grands noms connus aux quatre coins du globe.


www.sofama.com