Thévenet

Publié le 30/06/2010

Avec sa vision économique et ses multiples adaptations au fil des décennies, la famille Thévenet, puis la société incarnent véritablement un réel exemple de développement économique et de mise en avant des savoir-faire du territoire. Rencontre avec Éric Thévenet, actuel ambassadeur de la famille.

Transport et logistique – un expert aux multiples services

Une entreprise en harmonie avec son territoire

Avec sa vision économique et ses multiples adaptations au fil des décennies, la famille Thévenet, puis la société incarnent véritablement un réel exemple de développement économique et de mise en avant des savoir-faire du territoire. Rencontre avec Éric Thévenet, actuel ambassadeur de la famille.

La saga Thévenet est avant tout une histoire d'hommes et de femmes attachés à leur territoire. Elle commence dans les années 1930 avec Marcel-Victor, le grand-père qui s'est lancé dans la malterie-brasserie à Saint-Pourçain-sur-Sioule. C'est avec le malt que celui-ci a commencé à écrire l'histoire Thévenet.

En 1963, c'est son fils Jean-Paul et son épouse qui reprennent l'activité familiale et la SARL créée en 1951. Mais avec la concurrence de plus en plus rude et l'arrivée des grosses malteries, les successeurs stoppent toutes les machines après 13 ans de dévouement au service de la tireuse. Jean-Paul Thévenet comprend que l'orge doit être remplacé par une activité d'avenir plus pérenne. Il a déjà sa petite idée derrière la tête…

Anticiper et se renouveler pour une longévité économique optimum

Quand, en 1976, ils se rendent compte que les grandes malteries ne ramassent plus l'orge au petit seau, Jean-Paul et Madeleine Thévenet décident de changer complètement d'orientation professionnelle. « Après avoir envisagé plusieurs métiers, mon père a voulu créer quelque chose de nouveau. Il avait une vision économique et a notamment su anticiper pour conquérir un nouveau marché. Les 5 camions de la malterie étaient déjà prêts et il ne restait plus qu'à les démarrer. Voilà comment est finalement née la société de transport Thévenet à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Bayet) »

Cela peut sembler facile a posteriori, mais il faut être visionnaire et courageux pour s'embarquer dans une aventure aussi incertaine au moment où le choc pétrolier n'a pas encore dit son dernier mot. Ainsi, Jean-Paul Thévenet, à la fois gérant, mécanicien, conducteur, commercial et homme à tout faire commence à enregistrer ses premiers kilomètres au compteur.

Une rencontre importante.  En 1986, alors que la société de transport commence à agrandir sérieusement sa flotte, le directeur de l'Oréal lui confie une première mission particulière en dehors de sa spécialité, ou plutôt un défi : l'entreposage.

Le transporteur construit alors le premier entrepôt qui sera exclusivement réservé aux produits l'Oréal. Mais il n'en a pas pour autant fini avec la construction. Car le premier bâtiment ayant fait bonne impression, un second client arrive en courant deux ans plus tard. Il veut la même chose. On attaque alors, sans tarder, la construction du deuxième édifice. A l'entreposage s'ajoutera vite une tâche non moins importante : Thévenet sera aussi commissionnaire et transitaire en douanes. De l'entrepôt au camion, la société gère, au passage, toutes sortes de dossiers d'import-export. La société crée donc le service des douanes et s'occupe de toutes les étapes, du départ à l'arrivée de la marchandise à destination.

Éric Thévenet, la relève

En 1988, le fils de Jean-Paul Thévenet décroche son diplôme d'ingénieur des travaux publics à Paris. Il commence à travailler pour la Générale des Eaux sans vraiment s'intéresser au transport ni à la logistique.

Mais en 1994, lorsque les parents Thévenet rachètent le transporteur local Granjon, Éric s'intéresse à l'entreprise familiale qui n'arrête pas de s'agrandir (90 salariés). Avec la crise des transports de 1995, il met les pieds dans le plat pour la première fois au 1er janvier.

Une réflexion s'impose alors d'elle-même. « La difficulté et la crise m'ont permis d'être réactif dès mon arrivée dans l'entreprise. J'ai compris qu'il fallait complètement restructurer cette dernière et diversifier nos clients. En 1997, ma femme, qui a fait l'Ecole Supérieure du Commerce, m'a rejoint pour une meilleure efficacité. Nous nous sommes réunis, mes parents et toute l'équipe, et avons défini le poste de chacun pour ne pas interférer en déterminant précisément nos tâches. Du mal de la crise a finalement découlé un bien et la décision que nous avons prise dans l'urgence nous a véritablement évité d'aller droit dans le mur », raconte Éric Thévenet.

Les changements à la veille des années 2000. « Notre métier est longtemps resté rustique : un chauffeur, un camion et une remorque. La première évolution consistait à équiper tous les chauffeurs de téléphones portables. Mais dès 1999, nous avons aussi commencé à travailler dans le frigorifique et l'agroalimentaire. En 2006-2007, nous avons équipé tous nos camions d'informatique embarquée, ce qui nous permet d'interagir efficacement avec nos conducteurs. Mais la vraie décision que nous ayons prise, c'est l'abandon de l'international », précise le PDG.

Aujourd'hui, avec sa flotte de 200 cartes grises, 35 000 M2 d'entreposage (dont 5 000 à Clermont-Ferrand en co-gérance) et des piles de dossiers douaniers à traiter, Éric Thévenet et son équipe n'ont pas une minute à perdre. Et la société qui tourne grâce à ses 120 salariés maintient une compétence territoriale essentielle tout en restant l'un des employeurs importants du bassin de Vichy.

Thévenet comme référence régionale

Toujours animée par la même énergie, la société ne fait pas les choses à moitié. Elle s'inscrit par tous les moyens dans le progrès. Le transport n'est plus « rustique », ce n'est pas une si simple affaire !

Car pour une meilleure efficacité et une réelle maîtrise du marché, Jean-Paul Thévenet a vu juste, il y a une quinzaine d'années, quand il a créé l'association ALD (Auvergne Logistique Transport). « Il a regroupé plusieurs transporteurs sous forme associative pour ne pas perdre les appels d'offres et les clients régionaux. Mon père a surtout eu l'intelligence d'inviter tout le monde à travailler en complémentarité avec les gros clients tout en restant concurrents naturellement sur le marché du transport. Et l'association fait tout : par exemple, nous avons carrément érigé un bâtiment pour un client qui nous l'a demandé et aujourd'hui nous le lui louons (1er contrat). Nous nous occupons également de toutes ses prestations logistiques (2ème contrat). Nous assurons enfin tous les transports de livraison des clients de notre client (3ème contrat). ALD a carrément créé une société d'une vingtaine de salariés. Ils s'occupent exclusivement du client ».

En d'autres termes, toute marchandise partant d'Auvergne ou venant vers elle doit être expédiée par les transporteurs régionaux. Si une société peut s'en occuper seule, alors la concurrence est ouverte. S'il s'agit d'un gros marché, ALD prend le dossier en charge. Et à l'échelle européenne, la société Thévenet fait partie du groupement Astre (Association des Transporteurs Routiers Européens)

Qui a dit enfin que le transport de marchandise est une simple affaire… ?

 

3 questions à Éric Thévenet

Quel genre de relations entretenez-vous avec le territoire ?

C'est vraiment l'élément clé de notre entreprise et de sa réussite. Mon grand-père est issu de la Montagne bourbonnaise et nous avons voulu, par la suite, renouer avec le bassin de Vichy. Nous avons, pour ainsi dire, un lien viscéral et familial au sens noble du terme avec ce territoire magnifique, qui est associé à toute notre histoire. Nous n'hésitons pas d'ailleurs à y faire venir des amis ou des clients pour traiter leurs affaires…

Quelle est sa force justement ?

L'agence de Développement économique de l'agglomération suit de très près les évolutions de ce territoire et essaye de répondre du mieux qu'elle peut à tous ses besoins économiques. Bruno Pinard-Legry est l'homme avec qui nous travaillons beaucoup et sur qui je peux toujours compter. Nous échangeons des informations, nous travaillons en réseau, il m'informe sur les nouveaux clients qui arrivent sur le territoire, etc. Il y a aussi Pierre Guyot, du Comité d'Expansion Économique. C'est un véritable ami, c'est le conseil avisé de la maison Thévenet et une relation très forte. Ces hommes et beaucoup d'autres contribuent tous, chacun à sa façon, au développement économique de notre territoire.

Et l'OFP, c'est une première en France ?

Parfaitement. Avec l'Opérateur Ferroviaire de Proximité nous voulons diversifier nos services et mettre une autre corde à notre arc. C'est la première action de ce genre en France et l'Auvergne en sera la région pilote. Nous visons à faire du transport en passant par les chemins de fer pour récupérer les clients qui peuvent éviter la route. Mais en plus du transport combiné (camion-train), les rails nous permettront aussi de récupérer le marché européen que nous avons dû abandonner.

www.transports-thevenet.fr