Le père de la Twingo vit dans l'Allier

Publié le 17/11/2016

À Saint-Léon, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Moulins où il vit aujourd’hui, Yves Dubreil roule en Twingo. Normal, c’est grâce à ce retraité aux bretelles colorées, que la voiture a vu le jour.

À Saint-Léon, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Moulins où il vit aujourd’hui, Yves Dubreil roule en Twingo. Normal, c’est grâce à ce retraité aux bretelles colorées, que la voiture a vu le jour.

Le Val de Besbre est propice au secteur automobile. Tout le monde sait que la fonderie de Sept-Fons travaille pour PSA. Beaucoup savent aussi que le créateur de la DB Panhard, René Bonnet, est né à Vaumas. Très peu savent que repose au cimetière de cette même commune, Louis Rafalovitch, pilote automobile du début du XX e siècle. Et qui sait que l'ex-directeur de l'innovation de Renault est un retraité actif à Saint-Léon ?

Yves Dubreil est connu comme étant le « papa de la Twingo », une petite révolution esthétique pour l'époque. « Renault disposait d'une maquette intéressante, mais le projet s'avérait coûteux. Le 5 janvier 89, Raymond Lévy, le Pdg, me convoque. Il me dit, avec sa petite voix de mitraillette, "vous entrez dans ce bureau directeur d'achat, vous sortirez chef de projet". Il fallait assurer la rentabilité du véhicule et optimiser les coûts de lancement. »

Diplômé de Polytechnique en 1966, Yves Dubreil n'est pas un cost killer, comme on dit de nos jours. Il déteste rien moins que les gestionnaires qui assurent des économies d'échelle en ôtant les barreaux de ladite échelle. « Faire du business, ok, mais il faut du fondement, de la finesse. »

De la finesse, il en fallu pour développer la Twingo en moins de trois ans. La voiture est présentée au salon de l'auto en 1992. Les ventes démarrent au printemps suivant. Sous la houlette de Dubreil, travaille une vingtaine de personnes dont les designers Patrick Le Quément, alors directeur du style de Renault, et Jean-Pierre Ploué, aujourd'hui directeur du style de PSA.

« Les polémiques étaient vives sur la gueule de cette voiture. Les phares en particulier donnaient un côté animal. Et sa ligne clivait les panels, entre ceux qui ne voulaient même pas grimper dedans et ceux qui voulaient l'acheter immédiatement. En fait, la forme de la twingo ne respectait pas la sémiologie traditionnelle d'une voiture et les trois fonctions : l'avant (avec une longueur de capot proportionnelle à la puissance du moteur), le milieu (avec le chef, le sous-chef et à l'arrière on ferme sa gueule) et le coffre. »

Aujourd'hui, les carrosseries monocorps ou bicorps sont monnaie courante. En 1990, pour faire le lien entre l'instinct des designers, le pessimisme du marketing, les exigences industrielles, il en a fallu de la finesse. « Il faut se tromper vite et souvent pour réussir », résume Yves Dubreil qui a eu l'occasion de voyager aux États-Unis, pour son travail, dès les années 1980.

« Je crois que je suis devenu directeur de l'innovation pour Renault grâce à la sensibilité artistique dont j'avais hérité de mon père et de mon parrain, Jean Couy. Son épouse, ma marraine, Marguerite Bayon, était de Saint-Léon. C'est leur maison que nous occupons aujourd'hui ».

Source : www.lamontagne.fr