Montagne bourbonnaise : les stations-essence sont un rempart contre l’isolement

Publié le 24/01/2017

Même si l’on en compte de moins en moins, les stations-service situées en zones rurales de Montagne bourbonnaise (Allier) constituent plus que jamais d’indispensables commerces de proximité.

Même si l’on en compte de moins en moins, les stations-service situées en zones rurales de Montagne bourbonnaise (Allier) constituent plus que jamais d’indispensables commerces de proximité.

Il fut un temps, se rappellent les plus anciens, où l'on pouvait encore faire le plein de carburant à Laprugne, Ferrières ou Châtel-Montagne.

Une époque où, d'un bout à l'autre de la montagne bourbonnaise, il n'était pas nécessaire de se creuser la tête pour savoir où aller faire son petit passage hebdomadaire à la pompe, et encore moins de s'inquiéter d'une éventuelle panne sèche en pleine montagne.

Aujourd'hui, la donne a changé, et les pompes se sont bien raréfiées. Sur l'ensemble du sud-est de l'Allier, elles se comptent même sur les doigts d'une seule main.

Rouler… pour faire le plein

Le chiffre parle d'ailleurs de lui-même : à l'heure actuelle, sur le secteur de la montagne bourbonnaise, on ne recense plus que quatre stations. Deux sont situées au Mayet-de-Montagne (dont une dépendant d'une grande surface), une autre à Molles, et une dernière à Arfeuilles. Du côté de Laprugne, au sud du secteur, la dernière station, qui faisait également garage, a fermé il y a plus de vingt ans.

Certes, il est possible de s'approvisionner en carburant du côté de Saint-Priest- Laprugne, à une dizaine de kilomètres de là. Mais il faut alors franchir les frontières de l'Allier et passer dans la Loire.

Évidemment, il ne s'agit pas là d'une expédition. Mais voilà qui symbolise une nouvelle donne dans les zones rurales : il ne faut pas hésiter à faire plusieurs kilomètres et à conduire une trentaine de minutes pour aller faire un plein. Ce qui n'est pas loin d'être paradoxal, et en tout cas problématique pour les personnes résidant dans des communes ne bénéficiant pas, ou plus, de l'implantation d'une station.

Plus que des stations

Et le sujet inquiète d'ailleurs jusqu'aux élus locaux. « On en entend de plus en plus parler chez les maires des petites communes », appuie ainsi Dominique Bidet, président de l'association des maires ruraux de l'Allier.

Aussi, pour certains villages, conserver une station est devenu un vrai enjeu. C'est le cas à Arfeuilles, par exemple, où la mairie « nous a incité à conserver cette activité », confie Alain, gérant des Petits Arfeuillats, dont l'enseigne, créée en 2015, fait à la fois office de restaurant, d'épicerie et de station essence. Un vrai commerce multiservices, en somme.

Où l'on touche, là aussi, à une autre tendance : pour être viables, les stations implantées dans les zones rurales doivent souvent être accolées à d'autres services.

À Molles, le poste de carburant est ainsi géré par le bar du village, qui fait aussi bureau de tabac et relais postal. Au Mayet, mais le cas est plus courant, la station fait également garage et vente de véhicules.

« Mais le bénéfice que l'on tire de l'essence est loin de représenter la majorité de notre activité. D'ailleurs on a même pensé à fermer les pompes », admet Éric, gérant du garage.

Alors, pourquoi continuer à vendre du carburant si le bénéfice retiré n'en est que minime ? Sur la question, les derniers pompistes de la montagne bourbonnaise ont une réponse unanime : pour rendre service, tout simplement.

« Si on arrêtait de vendre du carburant, il y en a beaucoup que ça embêterait. On a nos habitués, notamment des agriculteurs », avance Mélanie, responsable du relais multiservices de Molles.

« On rend service aux personnes âgées, ca leur évite de devoir prendre la route pour chercher du carburant ailleurs », appuie Alain, à Arfeuilles.

« On est un vrai commerce de proximité », renchérit enfin Éric, dont la station, située sur la route de la Loge des Gardes, connaît un regain d'activité en période touristique. De quoi se donner une raison de plus ne pas condamner les pompes.

« Et puis, si tout le monde baisse les bras dans le monde rural… », souffle Éric qui, sans le dire, rappelle que les stations-service n'avaient jamais aussi bien porté leur nom. Et tout particulièrement loin des villes.

En dehors de la montagne bourbonnaise, le sud-est de l'Allier est globalement bien pourvu en stations-service.

Logiquement, le plus grand nombre d'entre elles se trouve dans les centres urbains. Sur l'agglomération de Vichy, et si l'on pousse jusque Charmeil et Saint-Yorre, on compte une dizaine de stations. Sur le secteur de Gannat-Ebreuil comme à Lapalisse, il est possible de faire le plein sur près de six sites. À Varennes-sur-Allier, quatre lieux de distribution sont ouverts. Enfin, du côté de Saint-Germain-des-Fossés, on trouve deux stations.

Conformément à la tendance nationale, près de la moitié de ces stations sont gérées par des grandes ou moyennes surfaces, où les prix sont souvent moins chers. 

Aujourd'hui, sur 11.200 stations recensées en France, plus de 5.000 sont adossées à de grandes enseignes, lesquelles distribuent 61 % du volume d'essence distribuée en France. En 1980, ce taux n'était que de 4 %. C'est dire si, dans l'Allier comme ailleurs, les grandes enseignes sont en train de mettre la main sur le marché de la distribution d'essence, au détriment des pompistes indépendants.

Moins 75 % :C'est la baisse du nombre de stations essence en France entre 1975 et aujourd'hui. On en dénombrait à l'époque 47.000. Il y en a actuellement 11.200.

En tête :Avec 13 %, la région Auvergne-Rhône Alpes arrive en tête des régions comptabilisant le plus de stations dans le pays. L'île de France n'est que 4e. 

110 : C'est approximativement le nombre de stations recensées dans l'Allier.

Source : www.lamontagne.fr