Savoir s'entourer pour rompre la solitude du chef d’entreprise

Publié le 19/01/2017
La volonté de maîtrise du pouvoir enferme et isole le chef d’entreprise. Une étude Bpilab montre ainsi que près de la moitié des dirigeants de PME et d'ETI souffrent d'un sentiment de solitude. Une menace qui peut mener à la dépression et au burn-out. 
 

La volonté de maîtrise du pouvoir enferme et isole le chef d’entreprise. Une étude Bpilab montre ainsi que près de la moitié des dirigeants de PME et d'ETI souffrent d'un sentiment de solitude. Une menace qui peut mener à la dépression et au burn-out. 

Le sentiment de solitude touche 45 % des dirigeants de PME et d’ETI en France, d’après une étude Bpi-Lab réalisée auprès de 2.398 chefs d’entreprise. « Tabou, ce phénomène est depuis toujours passé sous silence, explique Olivier Torrès, professeur à l’université de Montpellier et à la Montpellier Business School, président de l’observatoire de la santé des dirigeants Amarok et auteur de l’étude. Notre culture survalorise et héroïse les fondateurs de sociétés, renforçant le mythe du patron seul maître à bord qui ne doit montrer aucune faiblesse ni doute. » Ainsi, si trois dirigeants sur quatre déclarent qu’ils ne se sentent pas soutenus par leur entourage, l’expert explique que peu parlent de leurs problèmes à leurs proches.
 
Le sentiment de solitude toucherait particulièrement les dirigeants de PME. « Hormis les entreprises familiales, les patrons de PME se voient comme des indépendants qui n’ont de comptes à rendre à personne, poursuit l’enseignant chercheur spécialiste des PME. Cette attitude crée les conditions d’une forme d’enfermement. » Dans un monde de plus en plus incertain et complexe, ce comportement risque d’engendrer un surmenage du chef d’entreprise et même un épuisement physique et psychologique, autrement dit un « burn-out ». Que faire pour ne pas en arriver là ? « Le chef d’entreprise doit prendre conscience que lui seul peut déconstruire son isolement en se créant une “armature psychologique” qui le protège », insiste Olivier Torrès, qui propose 4 solutions concrètes.
 

#1 : Créer un comité de pilotage

Constitué de pairs, le comité de pilotage ou de direction sert à éclairer la prise de décisions. « Ce comité peut se rencontrer tous les six mois, autour d’un repas, pour discuter des principaux axes et visions stratégiques de l’entreprise », explique-t-il.

#2 : Faire de la stratégie

« Les dirigeants de petites et moyennes structures se consacrent peu à la stratégie, par manque de temps », déplore Olivier Torrès. Un défaut compensé par la souplesse et la réactivité de l’entreprise. Or, la veille stratégique reste essentielle pour travailler le positionnement de l’entreprise et bâtir une stratégie de croissance. « Cela permet de gagner du temps au quotidien en distinguant mieux l’urgent du stratégique », précise Olivier Torrès, qui conseille de « s’astreindre à prendre une journée par mois pour réfléchir à la direction que l’on prend. »

Il préconise d’ailleurs de sortir de l’entreprise, afin de ne pas être parasité par le quotidien. Autre conseil pour capter les tendances, rencontrer régulièrement ses pairs et accéder aux informations essentielles de son secteur d’activité : adhérer à un réseau professionnel ou à un syndicat patronal.

#3 : Faire émerger un second

« Beaucoup de dirigeants ont du mal à se trouver un second, ce bras droit indispensable sur lequel s’appuyer, déplore l’expert. Cela réclame d’écouter les signaux faibles émanant des salariés, car le bon bras droit n’est pas forcément celui auquel on pense de prime abord. » Pour faire émerger la bonne personne et déceler les collaborateurs les plus motivés et talentueux, Olivier Torrès recommande de créer des challenges en accordant une forte autonomie d’exécution aux salariés. Un style de management plus horizontal et collaboratif favorise également l’implication et la prise d’initiatives de la part des salariés.

#4 : Ouvrir son capital

Pour impliquer les collaborateurs, le dirigeant peut aller jusqu’à ouvrir son capital par un système d’intéressement ou d’actions gratuites, voire même en augmentant les fonds propres. « Plus qu’une perte d’indépendance, cela favorise l’émergence d’une nouvelle interdépendance entre les parties prenantes de l’entreprise », analyse Olivier Torrès.