Un nouveau doyen et de nouvelles ambitions pour la faculté de médecine de Clermont

Publié le 15/09/2017

Booster plus encore l’activité de recherche dans les études de santé pour accroître la lisibilité au national de la faculté clermontoise : une des ambitions du nouveau doyen de l’UFR de médecine de Clermont-Auvergne.

Booster plus encore l’activité de recherche dans les études de santé pour accroître la lisibilité au national de la faculté clermontoise : une des ambitions du nouveau doyen de l’UFR de médecine de Clermont-Auvergne.

pierre clavelou

Depuis le 1er juillet, il est le nouveau doyen-directeur de l’UFR de médecine et des professions paramédicales de l’Université Clermont Auvergne. Le professeur Pierre Clavelou conserve aussi une partie (20 %) de son activité hospitalière en neurologie. Il ne sera plus responsable du service de neurologie du CHU Gabriel-Montpied mais poursuivra ses activités de recherche et les consultations spécialisées de recours de la sclérose en plaques et des pathologies du système nerveux périphérique. Originaire de Paris, il est arrivé à Clermont-Ferrand en 1981 pour y effectuer une partie de son internat, puis fédérer la neurologie. Marié et père de cinq enfants, Pierre Clavelou se sent auvergnat et très fier de l’être.

Le quotidien La Montagne l'a rencontré  :

Quel est le rôle d’un doyen ?

"Il a pour objectif d’assurer l’organisation et la coordination de toutes les activités au sein de sa faculté, veillant à ce que les enseignements se déroulent dans de bonnes conditions avec des enseignants de qualité et un personnel administratif parfaitement au fait de tous les textes qui régissent les enseignements. Il doit assurer la coordination au sein des disciplines de santé avec les autres doyens de santé, au sein du collegium « santé » venant d’être créé à l’Université. En relation étroite avec l’université, il doit ainsi faire en sorte que la recherche réponde à des objectifs d’excellence fixés par les structures comme l’Inserm, le CRNS qui évaluent cette activité, Il veille à des relations étroites, régulières et transparentes avec le CHU, dont il est membre de la gouvernance, et qui est le partenaire privilégié de la Faculté. Il est attentif avec l’Agence régionale de santé des besoins et offres de formation en Auvergne, notamment pour assurer la couverture médicale dans les établissements… Enfin, une mission importante : faire que la faculté soit ouverte sur l’extérieur, et plus spécifiquement sur l’étranger."

Qu’aimeriez-vous mettre en œuvre rapidement à l’UFR de médecine ?

"Le premier projet consiste en une vraie réforme pédagogique. C’est-à-dire faire en sorte que les étudiants de 2e et 3e années qui ont un emploi du temps surchargé puissent acquérir les connaissances de base dans de meilleures conditions. C’est-à-dire en utilisant de nouveaux outils pédagogiques comme l’e-learning. Il s’agit aussi de redonner de la place à l’enseignement lors des stages en milieu hospitalier, car c’est là que l’on apprend la médecine au contact des patients. Initier enfin des parcours recherche pour les étudiants qui le souhaitent, dans lesquels ces doubles cursus feront des enseignants/chercheurs que je souhaite voir rester en Auvergne. Ils doivent être décelés très tôt, par, exemple à travers « l’école de l’Inserm » et la faculté doit pouvoir leur en donner les moyens de leurs ambitions. Tout ceci n’est possible qu’à travers un travail d’équipe, et des décisions prises dans la transparence et en toute indépendance."

Quel principal changement va intervenir lors de cette rentrée ?

"Il s’agit d’un projet obligatoire de simulation. Avec Jean Chazal (l’ancien doyen NDLR), un département de simulation s’est monté. Un séminaire de formation sur mannequins pour apprendre certains gestes selon le principe “jamais la première fois sur le patient” pour les étudiants de second cycle a débuté. Un autre séminaire, annuel, destiné à l’apprentissage des gestes chirurgicaux, impliquera tous les nouveaux internes en chirurgie. La simulation est devenue incontournable dans l’apprentissage du savoir-faire et du savoir-être, large projet impliquant toutes les autres disciplines de santé et la biologie."

La Paces (*) est une sélection impitoyable qui laisse trop d’étudiants sur le carreau. Quelles pistes pour améliorer cette situation ?

"Cette année est régie par des directives nationales, mais la réflexion d’une réorganisation de cette Paces est amorcée. Des expérimentations se déroulent dans plusieurs facultés pour qu’il n’y ait pas d’étudiants sacrifiés, à Angers, Toulouse… Nous avons fait des propositions, à Clermont, de ponts précoces vers des licences de biologie, ou encore la possibilité d’intégrer les études de médecine par le biais de passerelles. S’il n’y a pas de tirage au sort pour entrer en Paces, nous sommes cependant limités par les conditions architecturales, justifiant que cette année se déroule sur deux sites, à Clermont et Vichy, avec une équité parfaite d’accès à l’enseignement et de réussite. Le tutorat des étudiants par d’autres étudiants plus âgés, et dont nous sommes très fiers en Auvergne, est ainsi équivalent entre les sites.

Tout ne se fera pas en un jour, mais la réflexion initiée par la conférence des doyens pour réformer cette première année, et l’examen final des études en 6e année (ENC) avance dans un dialogue permanent avec les étudiants."

Dans une région où l’on manque de spécialistes, où certaines zones sont en situation de déserts médicaux, pourquoi n’augmente-t-on pas davantage le numerus clausus ?

"C’est un vrai débat centré sur l’utilité du numerus clausus. Actuellement le raisonnement a été celui de conserver le numerus clausus qui permet d’avoir une réflexion sur la politique de santé dans notre pays. Je n’ai pas d’idée arrêtée, car il est très difficile de savoir comment la médecine va évoluer dans les prochaines années, notamment avec l’arrivée du numérique. Par exemple, certains robots sont bien meilleurs que les plus grands experts en dépistage du mélanome. Mais le numérique ne remplacera pas l’homme dans l’interprétation des résultats et la conduite du traitement. Néanmoins, un numerus clausus drastique n’est pas la solution. Cette réflexion de fond qui engage la politique de santé de notre pays, reste indissociable de celle sur le concours de Paces."

Vous avez cinq ans devant vous, quel projet vous tient le plus à cœur ?

"Développer l’activité de recherche et par là même notre lisibilité nationale et internationale. Nous avons de très belles réussites, le projet i-Site mené par l’Université, en est un magnifique exemple démontrant la volonté d’unité au sein de notre ancienne région, notamment avec les nombreux partenaires impliqué autour d’un projet fédérateur, nous avons d’excellentes équipes de recherche, et j’en suis très fier. Mais quand on est en Auvergne, il faut peut-être se battre deux fois plus pour être visible, pour que les étudiants aient envie de venir étudier ici et rester. Ceci sous-tend une dynamique très précoce et volontariste sur la recherche. Ainsi, je m’emploierai à la réussite du projet I-site, à la dynamique de notre fort potentiel local, voire à la promotion de nouvelles équipes, toujours en lien très étroit avec l’université et le CHU."

(*) Paces : première année commune aux études de santé qui se termine par un concours. ECN : épreuves classantes nationales en fin de 6e année.

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