Entreprendre autrement

Publié le 19/01/2017

Très beau verbe de la langue française, entreprendre se conjugue au présent et se décline au-delà de l’entreprise. Personnelle ou collective, l’action audacieuse d’entreprendre passe à l’évidence par un changement de culture.

Très beau verbe de la langue française, entreprendre se conjugue au présent et se décline au-delà de l’entreprise. Personnelle ou collective, l’action audacieuse d’entreprendre passe à l’évidence par un changement de culture. 

Culture entrepreunariale

Ce n’est pas une provocation que de promouvoir la culture entrepreneuriale pour peu que la conception et l’approche du travail évoluent. Le sociologue Alain Touraine la résume ainsi : «?Donnons à chacun conscience qu’il possède des droits et des garanties, c’est essentiel pour libérer la capacité d’action et aussi dans le domaine de l’entreprise, celle d’entreprendre, d’oser et d’innover?». En philosophe, Robert Misrahi définit l’acte d’entreprendre dans l’économie comme un acte fondateur de l’esprit humain. «?Tout homme est créateur car tout homme dispose des ressources pour exprimer sa volonté et sa faculté d’entreprendre?». Bâtisseur ici et partout dans le monde, l’architecte clermontois Michel Douat ne dessine-t- il pas les spécificités et les identités locales ?

Réinventer l'entreprise

L’entreprise évolue, invente ou rebondit ! Mais elle n’échappe pas à sa dimension morale, pas plus à sa vocation humaniste voire à une appropriation de la citoyenneté. En se réinventant, l’entreprise trouve sa justification dans le sens profond des responsabilités. Qu’on le veuille ou non, cette vieille institution demeure en grande partie issue du capital et du travail, en particulier avec des salariés appelés à être de plus en plus intégrés à sa gestion de l’entreprise. Nicolas Bordas trace la perspective : «L’entreprise de demain, l’entreprise libérée, attirera ses talents et ses clients par sa posture sociétale et plus simplement par sa posture commerciale et à la question du travailler chez qui se substituera la question du travailler sur quoi?».

Réentreprendre

Aux USA, l’échec ne prend pas les mêmes conséquences qu’en France. Outre-Atlantique, on se nourrit de l’expérience puis on se relève. Ici, l’étiquette de l’échec plombe l’entrepreneur le plus souvent sans l’analyse du contexte. Pourtant réentreprendre passe par la capacité à surmonter la caricature de deux mondes opposés, celui des économistes néolibéraux version années Thatcher Reagan ou Tapie et celui d’une France bureaucratique, étatique, malthusienne et centralisée. Admettre qu’il n’existe aucune contradiction à réguler tout en respectant l’esprit d’entreprendre fait heureusement son chemin. Et se réinventer n’implique pas toujours la rupture : fidèle à la salaison, Jean-François Limoujoux poursuit la saga familiale avec une belle passion pour les beaux cochons. Revisitée la tradition a du bon !

Jean-Yves Vif, Rédacteur en chef de La Montagne