L’Académie

Publié le 13/10/2010

Des entrepreneurs de la nuit, le bassin de Vichy n'en a pas beaucoup comme lui. Il s'appelle Daniel Roux, il a soixante-dix ans et il galope comme un jeune homme jusqu'à 2 heures du matin. Il est dans le mouv' et fait bien tourner son affaire. Rencontre.

Lieu culte du billard et restaurant depuis le mois de juin.

Un acteur indispensable à la nuit vichyssoise

Des entrepreneurs de la nuit, le bassin de Vichy n'en a pas beaucoup comme lui. Il s'appelle Daniel Roux, il a soixante-dix ans et il galope comme un jeune homme jusqu'à 2 heures du matin. Il est dans le mouv' et fait bien tourner son affaire. Rencontre.


Tout juste face à la gare de Vichy et au début de la rue de Paris et de l'avenue Doumer, qui ne connaît pas l'Académie ! Le Pub accueille les amateurs de bières comme ceux de billard et, depuis peu, le restaurant qui s'y est ouvert permet aux fêtards de manger jusqu'à 1H du matin.

Plus de 40 ans au service de la nuit

Dans les années 1950, Daniel Roux était basketteur à l'A.S. Montferrand : il avait 18 ans. Il aimait aussi le vélo et était membre de l'Amicale Cycliste Clermontoise en remportant plusieurs titres amateurs. « J'aimais beaucoup le sport mais très vite je suis allé vers le monde de la nuit. Cela m'attirait, m'intéressait et me plaisait beaucoup. Je voulais surtout bien gagner ma vie et, à 25 ans, je tenais déjà un bar-tabac de nuit à Nice ».

Et pourtant Daniel Roux a plusieurs C.A.P. (plomberie, zinguerie, etc.) et avait travaillé quelques années avec son père avant son service militaire. « Je l'ai fait pour ne pas le contrarier mais dès que j'avais fini mon service militaire, j'ai pris ma liberté. Il était naturellement contre ma décision et j'ai vraiment peiné à mes débuts dans le sud. Quand il me demandait ce que je faisais, j'inventais des histoires pour ne pas le mettre en colère, mais je ne lui ai jamais dit que je travaillais de nuit. »

D'instinct, le Clermontois s'est orienté vers ce mode de vie différent. Il aime prendre des risques, des initiatives. Et la nuit, c'était son rythme. Cela lui permettait de dormir moins pour faire autre chose le jour, mais le moteur de cette volonté explosive c'est la réussite à tout prix.

« A 28 ans, j'ai décidé de créer ma propre affaire. C'était le New bar dans le boulevard Gambetta à Vichy. Simultanément j'ai monté une autre affaire dans le paramédical et je vendais des plantes médicinales, de la gelée royale, des outils et équipements paramédicaux, etc. J'avais douze commerciaux (2 en Réunion, 2 en Nouvelle-Calédonie et 8 à Vichy) et nous gérions l'activité grâce aux coupons publicitaires que nous mettions dans les boîtes aux lettres. Je travaillais au bar la nuit, m'endormais quelques heures puis entamais ma « deuxième journée » de travail. Je mettais personnellement des prospectus dans les boîtes aux lettres et vendais les produits de la société. Je menais de front deux activités car je voulais vraiment réussir. »

En 2000, Daniel Roux remplit ses soixante ans. Il arrête la vente de l'équipement paramédical et rachète le bar du centre-ville Le Vichy. L'éternel entrepreneur de nuit n'a visiblement jamais vraiment été intéressé par la lumière du jour pour travailler, sinon en complément de ses activités principales nocturnes. Il gardera Le Vichy pendant sept ans avant d'imaginer son propre Bar-Pub : l'Académie.

L'Académie et la boucle est…presque bouclée !

« Lorsque la Sémiv m'a montré les locaux, j'étais doublement content. D'une part il y avait le projet de la gare qui se préparait et cela allait, je le savais, redynamiser toute cette partie-là de la ville. D'autre part, les locaux étant strictement vides et spacieux (400 M2), je savais que j'allais enfin les façonner à ma manière pour créer mon propre univers. Je voulais faire quelque chose de merveilleux et je l'ai fait sans hésiter

Bien évidemment, le nouveau projet de Daniel Roux ne pouvait pas ne pas impliquer le billard. Car non seulement il était président du Billard Club de Vichy de 1980 à 1999, l'éternel jeune homme est un sacré spécialiste de la bande. Mais le professionnel de la famille, c'est son fils : Jean-Christophe.

A 40 ans, Jean-Christophe Roux a déjà fait plier les plus grands du billard aussi bien en France qu'ailleurs. Le prodige des trois bandes a l'œil, le geste et la bille en tête : c'est un « tueur » à la carrière internationale époustouflante.

Quintuple champion de France Masters (1999, 2002, 2004, 2007 et 2009) et six fois champion de France par équipe, deux fois champion d'Europe par équipe, vice-champion d'Europe en individuel et troisième aux championnats du monde de 1997, c'est sur les traces de son père que le Vichyssois a bâti ses exploits. C'est sous son aile qu'il a commencé à envoyer les billes dans les trous depuis l'âge de 7 ans même si la queue de billard était trois fois plus grande que lui.

Comment donc imaginer l'Académie sans les tables au tapis vert ! Ce lieu culte de la bille et de la bande en voit défiler du monde, des personnes venues des quatre coins du département. « Non seulement nous sommes situés à la porte de Vichy et face à la gare, beaucoup de monde connaît aussi Jean-Christophe. Des gens de passage, venus du nord ou du sud, s'arrêtent aussi pour titiller la carambole chez Jean-Christophe Roux, le quintuple champion de France. », raconte Daniel Roux, fier et satisfait des exploits de son fils.

Après trois années d'activité avec de bons résultats, l'entrepreneur de la nuit a voulu rajouter une corde à son arc. Il sait ce qu'il veut, Daniel Roux a le sens des affaires.

C'est ainsi qu'en juin il a décidé de mettre le couvert à l'Académie pour offrir un service, dit-il, complet à ses clients. « Nous offrons à nos clients un endroit magnifique et chaleureux, ils aiment venir boire un verre chez nous et oublier leur tracas en discutant tout en renvoyant les billes dans leurs trous. Mais quelque chose manquait à l'Académie et je sais que, la nuit, on ne trouve pas à Vichy une entrecôte bien généreuse ou un bon repas pour chasser sa faim. C'est pour cela que j'ai décidé d'ouvrir mon restaurant en supprimant quelques tables de billard. Aujourd'hui tout le monde sait qu'à l'Académie on se retrouve autour d'un verre amical en s'y informant de tout ce qui se passe à Vichy. Mais on peut aussi jouer au billard et, depuis peu, manger jusqu'à 1H du matin. Là est finalement ma satisfaction car je mets à la disposition des clients tout ce qu'il faut pour passer une belle soirée. Le monde de la nuit, vous savez, est compliqué et moi je le connais depuis plus de quarante ans. », confie le propriétaire des lieux.

Mais quand il parle, on oublie que Daniel Roux a déjà soufflé sa 70e bougie, on oublie aussi ce que retraite veut dire même si cela en préoccupe plus d'un, et plus particulièrement encore en ce moment. Le jeune homme toujours pressé, celui qui a tout le temps travaillé pour réussir et qui a encore beaucoup de choses à faire n'a même pas une minutes à consacrer à ce sujet. « Moi, la retraite, je n'y pense même pas. J'ai encore un dernier projet à l'Académie (je dis dernier mais je pense qu'il y'en aura d'autres…) : faire une belle véranda d'été pour avoir une terrasse magnifique. J'espère que cela se fera au plus tard l'année prochaine. »

Ce qui est sûr, c'est que l'Académie reste un des endroits les plus fréquentés la nuit dans l'agglomération et celui qui le gère n'est pas né de la dernière pluie. Il dynamise le quartier de la gare, il orchestre la vie nocturne et il crée des emplois. Sept salariés font tourner aujourd'hui le bar-pub-restaurant et Daniel Roux espère créer encore d'autres emplois…

 

L'Académie

3, place de la gare à Vichy